Conduire un entretien d’analyse réflexive

La nécessité de répondre au mieux aux besoins en compétences des territoires impose de nouvelles coopérations et de nouvelles expérimentations avec les entreprises, appelées à devenir des organisations apprenantes, des entreprises formatrices. La dernière réforme de la formation professionnelle de 2018 redéfinit les modalités d’une action de formation, reconnaissant notamment la situation de travail comme espace possible de formation. S’appuyant sur diverses expérimentations (anciennes et récentes), l’action de formation en situation de formation (AFEST) impose un travail d’ingénierie préalable et nécessite de distinguer le temps du FAIRE de celui de l’analyse réflexive. Cette analyse de pratique, outillée et rigoureuse méthodologiquement, ouvre vers de nouvelles pratiques pédagogiques au-delà de l’AFEST, où le FAIRE peut précéder le SAVOIR, où le SAVOIR (dont les savoir-faire) se construit dans un retour guidé sur la pratique (j’analyse ce que j’ai fait et comment je l’ai fait et j’en tire des leçons pour mes prochaines pratiques). Mais la situation de travail n’est pas naturellement apprenante ; elle le devient grâce à l’analyse réflexive que l’apprenant peut réaliser. La réflexivité pose alors la question de la capacité de l’apprenant à se mettre à distance du travail, à apprendre à développer un point de vue analytique sur son travail, dans la perspective de progresser dans la maitrise de nouveaux savoirs dans son emploi. Entre autres démarches réflexives, l’entretien d’analyse réflexive apporte une réponse opérationnelle à cette question. Il présente l’avantage d’être mobilisable lors de différentes situations pédagogiques (mise en situation, banc d’essai, atelier, immersion, AFEST, alternance…), sur différentes séquences (a posteriori, mais aussi en préparation d’une réalisation, voire en cours de réalisation), en phase de tâtonnement – découverte ou au contraire en phase de consolidation des acquis… Démarche d’entretien focalisé, l’entretien d’analyse réflexive nécessite une maitrise de la conduite d’entretien (semi-directif), d’explicitation (au sens de Vermersch), de questionnement. Comme toute démarche réflexive sur l’action, il passe par cinq étapes : Décrire, Problématiser, Analyser, construire une Théorie d’action puis Réinvestir dans l’action (cf. Charlier). La formation a un caractère expérientiel, par des mises en situation répétées et variées permettant une appropriation progressive des compétences à partir de 3 positions : interviewer, interviewé, observateur. Les apports sont ajustés aux situations professionnelles des participants et aux publics qu’ils accompagnent.